Lil’Ô : démonstrateur de la biodiversité

La métropole du Grand Paris souffre d’un déficit important d’espaces verts, posant la question d’un possible « retour à la nature » des milieux urbains. Sur L’Île-Saint-Denis, une vaste friche industrielle a cédé la place à Lil’Ô, un espace de biodiversité qui se veut à la fois innovant et exemplaire. Non seulement en raison de son action environnementale, mais aussi de sa dimension citoyenne, participative et solidaire.

Porteur de projet

HALAGE
Thématique

Préservation et développement de la biodiversité
Localisation

L’Île-Saint-Denis (93)
Type de projet

Recherche-action
Période de soutien

2022 - 2023
Statut

Projet terminé
Objectif de développement durable

15/Vie terrestre

Lil’Ô : démonstrateur de la biodiversité

La Seine-Saint-Denis abrite la seule commune-île fluviale urbaine de France : L’Île-Saint-Denis. Ses 7 000 habitants résident à 70 % en logements sociaux et à 95 % en logements dits « verticaux ».

Sur la pointe nord de l’île, à proximité de la zone Natura 2000, un espace naturel unique occupe plus de 3 hectares : Lil’Ô. Auparavant lieu de stockage de remblais, puis site industriel pour la voirie et le BTP, cette ancienne friche aux sols fortement dégradés est devenue un pôle d’activités écologiques et citoyennes. Revégétalisé, réhabilité, aménagé, le site est un laboratoire exemplaire de la biodiversité restaurée. C’est aussi le terreau de nouvelles façons de mobiliser les habitants, les acteurs du territoire et la communauté scientifique autour d’un projet à la fois social, citoyen et écologique.

Réhabiliter la biodiversité en ville

Porté par l’association Halage, Lil’Ô est un projet multidimensionnel unique en son genre. En son centre : la renaturation de sols pollués, par leur régénération et leur refertilisation. Le procédé est fondé sur l’utilisation de substrats fertiles, des « technosols » créés par l’apport de matière végétale et organique, et le travail spécifique de la terre.

Une fois rendus cultivables, 6 000 m2 de parcelles ont été dédiés à la culture horticole, afin de créer une ferme florale – « Fleurs d’Halage – à l’origine d’une filière de commerce de fleurs en circuit court. Une dizaine de bosquets forestiers, soit plus de 2 000 arbres, ont également été plantés et permettent aujourd’hui d’alimenter la biodiversité du site autant que de capter l’humidité pour la restituer dans l’écosystème.

Un espace naturel unique créé sur plus de 3 hectares.

Pour mener à bien ces missions, Halage a décidé de faire appel à des salariés en insertion – introduisant dès le départ un impact social au projet. Les personnes accueillies, éloignées de l’emploi et adressées par les structures qui les accompagnent, sont formées aux métiers de l’agriculture urbaine. Des ateliers complémentaires leur sont proposés, tels que la prise de parole en public pour réaliser des visites guidées du site ou bien l’aide à la recherche d’emploi.

En parallèle de l’insertion, Lil’Ô est aussi un lieu de formation à ces nouveaux métiers, via une à deux sessions par an ouvertes aux adultes éloignés de l’emploi et aux jeunes réorientés.

Ouvert aux habitants, Lil’Ô a accueilli différents publics sur son site à l’occasion d’événements et d’ateliers. Fresques du Climat, team-building ou séminaires pour les entreprises, concerts, conférences, groupes scolaires, jardin éco-participatif, parcours didactiques, de nombreux rendez-vous ont ainsi été proposés. Lil’Ô se veut également être un lieu référent d’éducation populaire à la transition écologique, où les habitants ont un rôle important à jouer. Une concertation citoyenne vient d’ailleurs constamment nourrir la réflexion globale sur les usages du site.

Derrière ses actions de terrain, Lil’Ô est aussi un programme scientifique. Plusieurs programmes universitaires sont accueillis : Erasmus + Nature, COMETES, IPAUP, Restaur’sol… Le projet vient directement nourrir la recherche en matière de restauration des sols et de sciences sociales.

À la fois espace d’expérimentation, support de recherche, vecteur de dynamisation du territoire et lieu de sensibilisation du public aux enjeux de la biodiversité, Lil’Ô a délivré tout au long de son développement de précieux enseignements. L’association Halage a donc souhaité les formaliser et capitaliser sur cette expérience innovante, via une étude interne et un guide pratique à destination d’autres porteurs de projets. Car Lil’Ô, s’il est un espace exemplaire par bien des aspects, a de nombreuses caractéristiques communes avec d’autres friches industrielles en France. L’initiative pourrait donc être répliquée sur d’autres territoires. De nombreuses collectivités et acteurs associatifs ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour ce projet à haute valeur ajoutée environnementale, économique et sociale.

Crédit photos : Mary-Lou Mauricio / association Halage

Le projet en bref

6 000 m² de ferme florale
4 800 personnes accueillies lors des rendez-vous grand public
2 500 arbres plantés, dont 90% sont pérennisés
70 visites et ateliers organisés sur site
66 salariés en parcours d’insertion

L'association

Halage est une structure d’insertion par l’activité économique dont les actions sont tournées vers la protection de l’environnement. L’association met en place des chantiers d’insertion en espaces verts et de production de fleurs, ainsi qu’un jardin d’insertion sociale - le jardin l’Univert - dans le 18e arrondissement de Paris. La structure possède également un pôle d’activités écologiques et solidaires à L’Île-Saint-Denis. Ses formations en travaux paysagers, agréées par le ministère de l’Agriculture, sont également ouvertes aux demandeurs d’emploi, salariés, jeunes, bénéficiaires du RSA ou bien personnes en détention.

Pour en savoir plus

Article Carenews "Lil’Ô : la biodiversité retrouvée d’une friche industrielle"

Guide pratique Lil'Ô

Note d'analyse d'impact

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