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Porteur de projetLA CLOCHE
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ThématiqueLes espaces communs, espaces et temps partagés
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LocalisationParis 10e et 11e
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Type de projetExpérimentation
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Période de soutien2021 - 2022
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StatutProjet terminé
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Objectif de développement durable11/Villes et communautés durables
Assise inclusive
83% des personnes sans domicile souffrent du rejet des passants, selon une étude BVA pour Emmaüs publiée en 2012. Ce rejet est façonné par un ensemble d’éléments dans le paysage urbain : le regard – ou plutôt l’absence de regard – des citadins, mais aussi les abords des immeubles et des parcs où se déploie de plus en plus un mobilier dit « défensif ». Bancs avec arceaux, pans inclinés, pics métalliques, grillages, autant d’exemples d’installations affichant leurs intentions d’exclusion.
Or ce mobilier urbain fait tout autant partie de l’environnement des personnes sans domicile fixe que des riverains et passants qui souhaiteraient l’utiliser pour profiter d’un banc, d’un parc, d’un square. En étant « défensif », il développe un sentiment global d’inhospitalité urbaine auprès de tous.
Reprendre sa place dans l’espace public
C’est la raison pour laquelle La Cloche a initié, en partenariat avec Des Cris des Villes et Studaré, une expérimentation autour de la création d’une « Assise Inclusive » dans le quartier Saint-Ambroise du 11e arrondissement de Paris. Un projet qu’elle met en place en sollicitant la contribution de tous. Elle implique, aux côtés des personnes sans domicile ou en situation d’exclusion sociale, les habitants, les commerçants, les écoliers de l’école 100 République ainsi que les bénéficiaires et travailleurs sociaux de trois structures : le centre d’accueil Marie de Miribel pour personnes âgées atteintes de maladies neuro-dégénératives, le centre d’hébergement d’urgence Popincourt et la Maison-Relais Servan où sont accueillies des personnes vulnérables et/ou isolées.
20 ateliers ont eu lieu entre septembre 2021 et juillet 2022. Au début du cycle, les ateliers ont consisté à observer, photographier et cartographier le mobilier urbain ou ses emplacements favorables. Puis a débuté la phase de conception, à commencer par un cahier des charges co-construit avec toutes les personnes impliquées – et soutenu par un flyer-questionnaire distribué aux habitants du quartier. L’objectif étant de répondre à une question : quelle serait l’assise idéale ? Ensuite, chaque atelier a laissé libre cours à l’imagination de ses participants, quel que soit leur profil. 4 ateliers ont été menés avec les bénéficiaires du centre d’hébergement d’urgence Popincourt, 2 ateliers avec deux accueils de jour, 5 ateliers avec le centre Marie de Miribel. Une fois par mois, entre mars et juillet 2022, un événement public a été organisé pour faire rayonner plus largement le projet.
Si la démarche n’a pas encore abouti à un prototype en bonne et due forme, les nombreuses idées illustrées proposées par l’ensemble des participants, ainsi que des témoignages et des éléments d’analyse, ont été consignés et relayés dans les trois Fanzines « Assise » édités par La Cloche.
L’expérimentation s’est voulu un espace collaboratif, où les personnes qui ont rarement voix au chapitre (personnes sans domicile ou exclues, personnes vulnérables, mais aussi les enfants) ont eu une légitimité à s’exprimer et à partager des situations vécues très concrètes. L’inclusion en ville se joue dès la conception du mobilier urbain.
Travailler en intelligence collective a généré de nouvelles manières de voir et de faire, engrangeant le point de vue des plus jeunes, habituellement peu sollicités sur ces sujets alors qu’ils ont su développer une vraie sensibilité pour parler d’inclusion dans l’espace public. Cela a aussi permis de recueillir la parole des plus vulnérables, en particulier les personnes sans domicile et les personnes âgées qui, atteintes de maladies neuro-dégénératives, ont pu remobiliser leurs souvenirs et leurs capacités cognitives. La démarche a su également éveiller le grand public aux enjeux du mobilier dit « défensif » et à l’importance de se réapproprier collectivement l’environnement urbain – tout en proposant des outils pratiques partageables de mobilisation des personnes en situation de précarité.
Crédit photos : Gilles Arbellot
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Mai 2021 : 1er atelier public de pré-lancement
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127 flyers-questionnaires remplis
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1 école élémentaire et 3 structures de l’action sociale impliquées
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30% des participants aux ateliers étaient des personnes sans domicile
L'association
La Cloche lutte contre la grande exclusion en faisant du lien social un bien de première nécessité comme les autres. La considération et les gestes du quotidien envers les personnes vivant à la rue contribuent à un modèle social où chacun est respecté et valorisé. L’association engage tous les citoyens, avec ou sans domicile, à agir pour construire une société plus inclusive en portant secours et assistance sans discrimination. La Cloche déploie plusieurs programmes, dont le Carillon ou les Clochettes, ainsi que des formations et événements solidaires.